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Appel poignant d’une magistrate au tribunal de Sept-Îles

La pénurie de personnel dans le système judiciaire québécois

Lors d’une audience au palais de justice de Sept-Îles, la juge Louise Gallant a exprimé sa préoccupation quant au manque de personnel dans le domaine judiciaire. Elle a salué le travail de la greffière actuelle, mais a souligné qu’il y aurait besoin d’une seconde greffière pour assurer une gestion efficace des services offerts. Cette situation met en lumière un problème bien plus vaste qui affecte la province : une pénurie croissante de ressources humaines dans le système judiciaire.

Une crise généralisée dans la fonction publique

Le ministère de la Justice a récemment reconnu cette difficulté, affirmant que la pénurie de personnel se fait sentir dans l’ensemble du Québec. Le constat est particulièrement alarmant sur la Côte-Nord, où les greffières, exclusivement féminines dans ce secteur, sont en nombre limité. Actuellement, on dénombre seulement 11 greffières sur cette Côte, un chiffre qui représente une baisse de 50 % par rapport à il y a dix ans. Ce déclin est exacerbé par des départs précoces de travailleuses qui ne sont pas remplacées, intensifiant ainsi la charge de travail des employées restantes.

Conditions de travail préoccupantes

La rémunération des greffières, qui débute à 23 $ de l’heure, est fréquemment critiquée pour son insuffisance. Les syndicalistes, comme Michel Girard, vice-président du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec, indiquent que les employés signalent une charge de travail en constante augmentation. La situation est devenue insoutenable, suggérant que l’on risque d’atteindre un seuil critique où le système pourrait s’effondrer sous la pression.

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Impact du gel des recrutements

Le ministère de la Justice est dans l’incapacité de recruter du nouveau personnel, en raison d’un gel des embauches applicable depuis le 1er novembre. Ce gel pèse sur le moral des équipes, qui doivent composer avec des effectifs déjà réduits. La situation devient préoccupante, alors que la capacité de répondre aux besoins des citoyens en matière de justice est mise à mal.

Pas d’amélioration constatée depuis 2022

La dernière convention collective des greffières a été obtenue après un processus de négociation difficile, mais force est de constater qu’aucune amélioration n’a été observée dans leurs conditions de travail depuis. Les dirigeants syndicaux, aux côtés de la bâtonnière du Québec, Catherine Claveau, notent que l’insatisfaction et le stress au travail sont en hausse. Les délais de traitement des dossiers s’allongent, ce qui nuit à la confiance du public envers le système judiciaire.

Un appel au financement adéquat

Catherine Claveau prévient que le manque de personnel et les retards cumulés pourraient tendre vers des erreurs administratives, telles que des classements inappropriés de dossiers ou des pertes de documents cruciaux. Elle insiste sur la nécessité d’un investissement accru dans le système judiciaire pour réduire ces délais et améliorer les conditions de travail des greffières et autres travailleurs du secteur. Un rétablissement de la confiance du public dans le système de justice est impératif, mais cela ne sera possible que par un financement adéquat qui permettra de répondre aux besoins croissants de la population.

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Réactions du ministère de la Justice

Le ministère de la Justice, dans sa réponse par courriel, a affirmé que les équipes au sein des services de justice étaient généralement complètes, à une exception près pour la région de Baie-Comeau. Cependant, il a également mis en avant la création d’unités mobiles provinciales, censées apporter un soutien temporaire aux services en manque de personnel. Cette stratégie pourrait permettre de pallier rapidement les besoins ponctuels, mais elle ne résout pas le problème structurel qui ronge le système judiciaire depuis plusieurs années.