La décision de WestJet de fermer sa base d’opération à Québec crée des préoccupations majeures parmi les pilotes et les agents de bord. Depuis 2007, cette base a joué un rôle crucial en permettant une prestation de service en français sur les vols de la compagnie Sunwing, qui était la seule à maintenir une telle opération à l’est de Montréal. Cette fermeture, prévue pour le printemps 2025, pourrait entraîner une diminution significative des services en français et un afflux de professionnels vers d’autres grandes villes canadiennes comme Montréal ou Toronto.
### Impact sur le service en français
Les représentants des pilotes et des agents de bord expriment leurs craintes face à l’imminente fermeture de la base québécoise. Selon eux, le personnel qui naviguera à bord des avions ne sera plus exclusivement composé d’employés francophones. Cette situation soulève des préoccupations quant à la capacité des membres de l’équipage à communiquer efficacement avec les passagers francophones. Cela est particulièrement préoccupant pour les usagers qui privilégient un service en leur langue maternelle et qui s’attendent à être aidés par du personnel capable de parler couramment le français.
Mathieu Têtu, un commandant de Sunwing, souligne que la diversité linguistique au sein de l’équipe de vol ne sera plus une garantie. Les passagers pourraient ainsi se retrouver face à un personnel dont une minorité seulement maîtrise le français. Ce changement représente une perte potentielle de qualité de service, surtout pour une clientèle locale qui privilégie l’interaction en français.
### Des départs en série parmi le personnel
Avec la fermeture de la base, de nombreux pilotes et agents de bord font face à des choix difficiles. WestJet a proposé aux employés de déménager à Montréal ou de se déplacer à leurs frais pour continuer à travailler. Une poignée de pilotes aurait déjà choisi de quitter la compagnie en raison de cette situation, ce qui pourrait provoquer une pénurie de personnel sur les rotations qui prévoient des vols au départ de Québec.
L’Association des pilotes de ligne internationale (ALPA) confirme que plusieurs travailleurs ont déjà indiqué leur intention de démissionner, craignant que leur situation professionnelle se dégrade. Louis-Éric Mongrain, vice-président de l’ALPA Canada, évoque l’attrait que représentait jusqu’à présent le fait de travailler dans un environnement francophone où le personnel pouvait exercer son métier dans sa langue maternelle.
### Conséquences économiques pour la région
La fermeture de la base à Québec ne se limite pas seulement à un impact sur le service en français. Le syndicat estime que cette mesure pourrait avoir des répercussions économiques lourdes pour la région, avec des pertes de l’ordre de 12 millions de dollars en salaires pour les employés actuellement basés à Québec. Ce montant pourrait représenter une perte considérable pour l’économie locale, surtout si de nombreuses personnes sont contraintes de quitter la région pour des opportunités d’emploi dans d’autres villes.
Pour les agents de bord, les frais de déplacement occasionnés par ces changements pourraient atteindre jusqu’à 20 000 dollars par an. Dominique Côté, qui travaille pour Sunwing depuis 18 ans à Québec, exprime son attachement aux passagers et souligne l’importance des relations qu’elle a construites au fil des ans. Ces rapports développés avec les clients jouent un rôle fondamental dans la fidélisation de la clientèle et l’identité de l’entreprise à l’échelle locale.
### Demandes de report ignorées
Reconnaissant les implications de cette fermeture, les syndicats ont tenté à plusieurs reprises d’engager le dialogue avec la direction de WestJet. Ils ont adressé trois lettres demandant un report de la décision concernant la fermeture de la base de Québec. Cependant, leurs requêtes se heurtent à une fin de non-recevoir de la part de l’employeur, ce qui exacerbe les tensions entre les travailleurs et la direction.
L’absence de réponse de WestJet face à ces préoccupations ne fait qu’accentuer le sentiment d’impuissance parmi les membres du personnel, qui se sentent désormais pris au piège par une décision qui pourrait redéfinir l’avenir de leur carrière ainsi que celui de l’ensemble de la communauté francophone à Québec.