Hydro-Québec, avec ses projets ambitieux, se retrouve face à un défi majeur : la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Les ambitions de la société d’État en matière de construction d’infrastructures énergétiques exigent un nombre considérable de travailleurs, et les entreprises locales qui agissent en sous-traitance ont du mal à répondre à cette demande.
### Un plan d’expansion énergétique sans précédent
La société d’État envisage d’augmenter sa capacité énergétique de 8000 à 9000 mégawatts supplémentaires d’ici 2035, sous l’égide d’un plan imposant visant à construire de nouveaux barrages, centrales hydroélectriques et parcs éoliens. Cet accroissement de la capacité requiert l’embauche de pas moins de 35 000 travailleurs par an dans le secteur de la construction, un défi que les entrepreneurs de la province n’ont pas sous-estimé.
### Un aperçu des nouvelles initiatives au Labrador
Récemment, une entente entre les gouvernements du Québec et de Terre-Neuve-et-Labrador a été annoncée, visant à renforcer l’approvisionnement en électricité depuis le complexe de Churchill Falls. Dans le cadre de cette collaboration, des projets ambitieux comme la construction de nouvelles centrales électriques, notamment Churchill Falls 2 et Gull Island, sont prévus. Ces projets, évalués à environ 25 milliards de dollars, suscitent un vif intérêt parmi les entrepreneurs québécois, qui se sont préparés pendant des années à de telles opportunités.
### Un appel à la formation et à la reconversion
Bien que les projets de construction présentent des perspectives prometteuses, la recherche de travailleurs qualifiés représente une difficulté incontournable. Pour atténuer ce problème, le gouvernement du Québec propose aux employés du secteur manufacturier susceptibles de perdre leur emploi de se réorienter vers le domaine de la construction. Cette initiative a pour but de fournir une main-d’œuvre qualifiée pour les chantiers à venir.
### Les défis de l’attractivité
Malgré cette volonté d’attirer des travailleurs, les entrepreneurs s’inquiètent des obstacles liés à l’attractivité des chantiers éloignés. De nombreux projets d’infrastructure sont en cours dans les milieux urbains, ce qui complique la mobilisation des équipes pour des travaux au Labrador, souvent éloignés et exigeant des travailleurs expérimentés. La nécessité de recruter des personnes déjà formées et expérimentées pour ces chantiers est une réalité que les entreprises doivent prendre en compte, car un manque d’autonomie et de savoir-faire pourrait nuire à l’avancement des projets.
### Les préparatifs des entreprises locales
L’entreprise Groupe LEG, spécialisée dans la construction de fondations pour lignes électriques, se prépare activement en vue des contrats potentiels auprès d’Hydro-Québec. L’effervescence règne dans leur usine, où de nouvelles machines sont prêtes à être déployées pour construire les lignes nécessaires. Philippe Richard, le PDG, indique que le recrutement de 100 à 150 travailleurs sur une période de deux à trois ans constitue un grand défi et souligne l’importance de commencer sérieusement les préparations dès maintenant.
### Collaboration avec les communautés locales
Un autre aspect crucial pour les entreprises est la collaboration avec les communautés autochtones. Philippe Richard a évoqué des ententes visant à intégrer des travailleurs autochtones dans les équipes, renforçant ainsi l’implication locale dans les projets de développement. Cette approche pourrait favoriser non seulement l’emploi, mais également un partenariat durable et bénéfique avec les communautés concernées.
### Optimisme face à la situation
De son côté, Éric Girard, député de Lac-Saint-Jean, exprime son optimisme quant à la capacité des entreprises locales à faire face aux défis de recrutement. Il est convaincu que les compétences et les expériences présentes dans la région permettront de répondre à la demande croissante en main-d’œuvre. Le soutien d’Hydro-Québec, en tant que maître d’œuvre reconnu, est un facteur rassurant pour les entrepreneurs, qui voient en cette collaboration une opportunité de se développer davantage face à ces défis de taille.