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La souffrance sans fin d’un père de criminel

La souffrance inexprimable d’un père face à l’indicible

Une annulation inattendue

Un matin ordinaire, une simple conversation téléphonique avec le garage devient un moment de répit pour Raymond Bissonnette. La voix du garagiste lui assure que l’annulation d’un rendez-vous ne suscite aucun souci. Une phrase anodine, mais pour Raymond, elle représente un immense soulagement dans un tourbillon d’angoisses. À l’époque, il ne sait pas encore que son monde est sur le point de basculer.

Réalités tragiques

Le 29 janvier 2017, ce jour tragique marquera à jamais la vie de Raymond et de sa famille. Son fils, Alexandre, âgé de 27 ans, perpètre une fusillade tumultueuse à la Grande Mosquée de Québec, tuant six personnes et en blessant 19 autres. Une convivialité familiale se transforme en chaos, lorsque la police fait irruption dans leur demeure, anéantissant toute notion de normalité. Raymond, frappé par l’horreur de la situation, ne peut concevoir que son fils soit impliqué dans un acte aussi odieux.

Les mots à la recherche d’un sens

L’absence de mots qualifie parfaitement le désespoir de Raymond. Dans son livre, il partage son cheminement et sa quête de compréhension à travers 200 pages. Ce récit poignant expose la dévastation provoquée par le geste de son fils, brossant un tableau des vies brisées. Tous ces pères, maris, frères, amis, dont le destin a été tragiquement scellé par la violence.

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La question de la responsabilité

Raymond Bissonnette ne prétend en aucun cas excuser l’irréparable acte de son fils, qui purge une peine de prison sans possibilité de libération conditionnelle pendant 25 ans. Au contraire, il souhaite éclairer les conséquences du mal-être de son fils, évoquant le rôle prépondérant de l’intimidation et des souffrances psychologiques qu’Alexandre a endurées durant sa jeunesse. Il s’insurge contre le manque d’attention porté aux problèmes de santé mentale, soulignant la rareté des examens psychiatriques dans le processus judiciaire.

Souffre-douleur de l’intimidation

Raymond ressent la nécessité de dénoncer les humiliations que son fils a subies à l’école, où l’intimidation et l’isolement social l’ont marqué profondément. En victime de violence physique et psychologique, Alexandre évolue dans un environnement hostile qui fragilise sa santé mentale, l’amenant à la dépression et à des pensées suicidaires. Les droits d’auteur de son livre seront reversés à une fondation luttant contre l’intimidation en milieu scolaire, une initiative qui témoigne de son engagement à ne pas laisser son fils être oublié.

Le poids de l’émotion

À travers ses mots, Raymond exprime une profonde colère et une immense tristesse. Il s’adresse non seulement aux institutions éducatives qui n’ont pas su réagir face à l’indifférence permissive de certains, mais aussi à l’ensemble de la société. Sa critique s’étend aux médias et au système judiciaire qui, selon lui, n’ont pas su appréhender la complexité de la situation d’Alexandre. Le terme «terroriste» en particulier le heurte, car il ne veut pas que son fils soit réduit à cette étiquette.

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Réflexions sur un parcours douloureux

L’ouvrage est aussi une forme d’introspection pour Raymond. Pour lui, chaque parent ressent à la fois une immense fierté et une souffrance indicible vis-à-vis de son enfant. Son regard sur Alexandre est teinté d’un mélange d’amour et de désespoir, une dualité complexe qui souligne les défis de la parentalité lorsque l’indicible dépasse l’entendement.

En partageant son histoire, Raymond Bissonnette prie pour ouvrir un dialogue sur des questions souvent éludées : la détresse des jeunes face à l’intimidation et le besoin essentiel d’évaluer et de traiter les problèmes de santé mentale.