Le président-directeur général d’Hydro-Québec, Michael Sabia, a récemment exprimé des préoccupations concernant la lourdeur administrative qui pèse sur les projets d’infrastructure au Québec. Lors d’une présentation devant des leaders d’affaires, il a souligné l’urgence de simplifier les processus réglementaires afin d’accélérer le développement de projets, en particulier dans le secteur de la construction.
### Réduction de la paperasse : une nécessité pour le développement
Michael Sabia a insisté sur le fait que la bureaucratie actuelle, qualifiée de “red tape”, constitue un obstacle majeur à la réalisation rapide des initiatives américaines. Selon lui, une rationalisation des exigences administratives pourrait non seulement bénéficier à Hydro-Québec, mais également à de nombreuses entreprises œuvrant dans la province. Il a fait valoir que des changements dans la vitesse d’exécution des projets permettront d’exploiter pleinement le potentiel économique du Québec.
### Besoin urgent de main-d’œuvre qualifiée
Pour soutenir ses ambitions de croissance, Hydro-Québec prévoit de recruter près de 35 000 travailleurs par an jusqu’en 2035. L’objectif affiché est d’augmenter la capacité de production énergétique de la société d’État de 11 000 mégawatts (MW). Cependant, la diversité des classifications de métiers au Québec complique ce recrutement. Actuellement, la province compte 26 classifications, contre seulement 9 en Ontario, ce qui soulève des questions sur la nécessité d’une telle complexité. Sabia a mis en avant ce paradoxe pour encourager une réévaluation des critères qui régissent l’emploi dans le secteur de l’énergie.
### Coordination entre les niveaux de gouvernement
M. Sabia a également critiqué le chevauchement des responsabilités entre le gouvernement fédéral et les provinces, notant que cela n’apporte aucune valeur ajoutée. D’après lui, la résolution de ce problème est essentielle pour fluidifier les processus nécessaires à l’exécution des projets d’infrastructure. Une coopération renforcée entre les administrations pourrait réduire considérablement le temps requis pour les approbations.
### Investissements massifs et créations d’emplois
Hydro-Québec projette d’accroître ses investissements de 8 milliards de dollars en 2024 à 14 milliards en 2025. Cette augmentation vise à atténuer l’impact des tarifs d’énergie sur les consommateurs tout en stimulant la création d’emplois. À partir de 2025, la société d’État anticipe le besoin de 25 000 nouveaux travailleurs, répartis dans différentes régions du Québec, notamment à Montréal, dans le Nord, ainsi qu’au Saguenay, en Mauricie et à Québec.
### Formation des travailleurs : un défi à relever
Reconnaissant les défis que présente le recrutement de travailleurs qualifiés, Hydro-Québec envisage d’établir son propre institut de formation. Cela répondrait à la nécessité de développer les compétences requises pour la mise en œuvre de ses projets ambitieux. Sabia a affirmé que la formation et le développement des ressources humaines sont des priorités pour s’assurer que la main-d’œuvre soit prête à relever les défis à venir.
### Un avenir incertain en matière économique
En évoquant les circonstances économiques internationales et les éventuelles guerres tarifaires, M. Sabia a souligné que, même si un ralentissement économique est une possibilité, cela pourrait également représenter une occasion d’offrir de nouvelles perspectives d’emploi et de formation. Il a annoncé que les dirigeants du Canada, pour faire face aux menaces tarifaires de l’administration américaine, doivent se montrer proactifs et solidaires pour protéger l’économie locale.
### Une stratégie à long terme
Bien qu’il soit prématuré d’évaluer les impacts précis des tensions commerciales sur les exportations d’Hydro-Québec, les responsabilités de la société d’État demeurent claires. Ses leaders doivent naviguer cette conjoncture avec prudence tout en restant ouverts à toutes les options pour assurer leur pérennité et celle des emplois liés à l’énergie au Québec.