Les dispositifs fiscaux pour encourager le travail supplémentaire au Québec : une analyse critique
De nombreux dispositifs fiscaux, comme les crédits d’impôt, sont mis en place par le gouvernement québécois dans le but de motiver les citoyens à augmenter leur temps de travail ou de rester actifs sur le marché de l’emploi au-delà de 60 ans. Or, une étude récente soulève des doutes quant à l’efficacité de ces mesures, tout en révélant leur coût élevé pour les finances publiques.
Des mesures coûteuses et mal comprises
L’étude réalisée par des chercheurs de l’Université HEC Montréal et du CIRANO souligne que les différents crédits d’impôt, tels que le crédit d’impôt pour prolongation de carrière ou encore le crédit d’impôt pour frais de garde, n atteignent pas leurs objectifs. En effet, un sondage mené auprès de 3000 Québécois a révélé qu’une majorité d’entre eux ne comprennent pas correctement ces dispositifs, rendant leur impact presque nul. Par exemple, à peine 14 % des participants ont été en mesure de bien saisir des termes tels que le taux marginal d’imposition.
Les chercheurs notent que bien que certains contribuables puissent profiter des crédits d’impôt lorsqu’ils remplissent leur déclaration fiscale, cela n’influence pas leur comportement au travail. Les crédits sont souvent perçus comme des ajustements comptables plutôt que comme de véritables incitations à travailler davantage.
Une complexité nuisible
L’effet des crédits d’impôt peut parfois s’avérer contre-productif. En effet, un individu qui envisage de travailler quelques heures supplémentaires pour un revenu supplémentaire de 5000 $ pourrait se retrouver à payer des impôts proportionnels à son taux marginal, tout en perdant des crédits d’impôt qui étaient auparavant à sa disposition. Ainsi, sa décision de travailler plus peut s’avérer moins avantageuse financièrement qu’il ne l’imaginait, le conduisant à renoncer à ces heures supplémentaires.
Les experts recommandent d’envisager la simplification du système fiscal à travers l’élimination des crédits d’impôt au profit d’une réduction d’impôts générale, argumentant que plus un système est complexe, moins il est efficient. Les mesures fiscales devenues trop ancrées dans le paysage politique sont souvent difficiles à abandonner, par crainte de mécontenter les électeurs.
Une vision nuancée de la fiscalité
Bien qu’il soit essentiel de revoir la stratégie des crédits d’impôt, des voix, comme celle d’un responsable académique en fiscalité, plaident pour une approche plus équilibrée. La fiscalité ne devrait pas seulement être conçue comme un outil de motivation à l’emploi, mais aussi comme un moyen d’assurer l’équité et de récompenser les comportements jugés positifs. Par exemple, il est juste que des seniors retournant sur le marché du travail pour répondre à une pénurie de main-d’œuvre puissent bénéficier de réductions fiscales appropriées.
Les différents enjeux liés à la fiscalité au Québec continuent d’évoluer, rendant nécessaire une réévaluation de la manière dont les crédits d’impôt sont utilisés pour obtenir des résultats tangibles et durables dans le tissu économique.