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Mobilisation prévue jeudi à Québec pour critiquer un réseau en détresse.

Des éducatrices de CPE se mobilisent pour faire entendre leur détresse à Québec

Jeudi, des milliers d’éducatrices de centres de la petite enfance (CPE) affiliées à la CSN se dirigeront vers l’Assemblée nationale, emportant avec elles des revendications urgentes envers un système qu’elles jugent de plus en plus insoutenable. Cette manifestation est l’apogée d’un mouvement de grève qui impacte actuellement plus de 400 CPE à travers la province. Après plusieurs mois de discussions infructueuses, les 13 000 travailleuses syndiquées ont exprimé avec force leur ras-le-bol en votant à 91 % en faveur d’un mandat de grève générale illimitée, une option qu’elles considèrent sérieusement face au marasme des négociations.

Un réseau en crise

Selon les éducatrices, la détérioration du réseau des CPE s’accélère, et les conditions de travail, jugées inacceptables, pourraient conduire nombre d’entre elles à abandonner leurs postes. Les éducatrices, porteuses d’une tradition fièrement établie au Québec, estiment que le gouvernement doit intervenir de manière significative pour remédier à cette situation critique, remettant en question la pérennité d’un système qui a longtemps été un modèle en matière d’éducation de la petite enfance.

L’épuisement professionnel au cœur des préoccupations

Mylène Bélisle, qui travaille depuis trois décennies dans un CPE, témoigne de la lourdeur des tâches. Elle décrit comment l’accumulation de responsabilités, en particulier concernant les enfants ayant des besoins spécifiques, entraîne un stress croissant parmi les éducatrices. Elle souligne que, alors qu’autrefois un seul enfant à besoins particuliers suffisait dans une garderie, la réalité actuelle exige une attention accrue à plusieurs enfants en difficulté simultanément, ce qui surcharge le personnel.

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L’angoisse et la détresse au travail se manifestent clairement. Une de ses collègues, Nathalie Courcy, illustrant cette tendance, a quitté son emploi après 20 ans, fatiguée par le manque de reconnaissance et la stagnation salariale, malgré une expérience considérable. La quête constante de validation et les conditions de travail précaires sont des facteurs qui poussent de nombreuses éducatrices à envisager d’autres options professionnelles.

Les enjeux financiers en première ligne

Le gouvernement a proposé une augmentation salariale de 17,4 % sur cinq ans pour le personnel des CPE, une offre jugée insuffisante par les syndicats. Ce gap salarial flagrant entre le secteur public et les CPE constitue un obstacle majeur dans les négociations. Les éducatrices qualifiées s’aperçoivent que des travailleurs avec des qualifications similaires dans d’autres secteurs profitent de rémunérations plus avantageuses, ce qui incite de nombreuses professionnelles à quitter le milieu des CPE pour rejoindre le secteur public.

L’importance d’un soutien accru

Les éducatrices demandent aussi de meilleures ressources pour accompagner les enfants ayant des besoins particuliers. Elles signalent le manque de personnel formé et compétent pour gérer les exigences spécifiques des enfants, ce qui alourdit leur charge de travail quotidienne. La nécessité d’augmenter le soutien financier et logistique devient donc cruciale pour éviter l’émigration de professionnelles vers des environnements plus favorables.

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Les conséquences d’un exode professionnel

Si la tendance actuelle se maintient, l’avenir du réseau des CPE pourrait être gravement compromis. Les éducatrices expriment leur volonté de voir des changements tangibles et significatifs, soulignant que leur désengagement n’est pas simplement une question de conditions salariales, mais aussi de reconnaissance et de valorisation de leur rôle éducatif. Le secteur pourrait faire face à une crise de personnel, ce qui aurait inévitablement un impact direct sur la qualité de l’éducation reçue par les jeunes enfants, menaçant ainsi l’avenir de la petite enfance au Québec.