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Perspective Québec : un programme de bourses abrégé, mais sous un autre format.

Le 7 février, l’annonce de la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, a suscité une vive réaction dans le milieu éducatif. Le gouvernement a décidé d’avancer la fin du programme de bourses Perspective Québec, initialement prévue pour l’automne 2025, à la session d’hiver. Cette mesure s’inscrit dans un contexte de coupes budgétaires qui affectent déjà plusieurs domaines de l’éducation.

### Origine et objectifs du programme

Les bourses Perspective Québec avaient été mises en place dans le cadre de l’Opération main-d’œuvre, avec pour but d’inciter les étudiants à s’orienter vers des filières jugées essentielles par le gouvernement. Le programme visait à remédier à la pénurie de main-d’œuvre dans des secteurs stratégiques pour l’économie de la province. Depuis son lancement en 2021, il a permis d’accorder près de 258 000 bourses pour un total de 538 millions de dollars, offrant un soutien financier qui variait de 1 500 à 2 500 dollars selon le niveau d’études.

### Justifications de l’anticipation de la fin du programme

La ministre Déry a cité des résultats mitigés provenant de l’analyse des inscriptions. Bien que certaines formations admissibles aient vu une augmentation des candidatures, l’impact global du programme a été jugé insuffisant pour justifier son maintien. La Fédération des cégeps a noté des écarts importants dans les inscriptions en fonction des programmes, tout en signalant une hausse générale de 5 % des inscriptions, atteignant jusqu’à 20 % dans certains domaines. Cette évaluation a abouti à une décision de réduction des dépenses publiques, équivalente à 100 millions de dollars sur cinq ans.

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### Les interrogations soulevées

Depuis la création des bourses, l’Institut de coopération pour l’éducation des adultes (ICÉA) a exprimé des préoccupations concernant plusieurs aspects du programme. Parmi eux, l’évaluation de l’efficacité des bourses pour orienter les choix d’études des apprenants a été soulevée. De plus, la question de l’accessibilité a été mentionnée, notamment en ce qui concerne le critère de temps plein qui exclut certaines populations étudiantes, comme celles qui doivent jongler entre études, travail et responsabilités familiales. Par ailleurs, l’ICÉA a averti d’un risque de déséquilibre dans le choix des programmes étudier, au détriment d’autres filières non admissibles mais tout aussi nécessaires pour le Québec.

### Réactions des parties prenantes

Les réactions à cette annonce ont été rapides et critiques. Les associations étudiantes, notamment la Fédération étudiante collégiale du Québec et l’Union étudiante du Québec, ont condamné cette économie, soulignant que 125 000 étudiants seraient privés de bourses potentielles. L’Union a noté que, pour beaucoup d’étudiants, ces bourses constituaient une forme cruciale de soutien financier, notamment pour ceux qui effectuent des stages non rémunérés dans le secteur public. Marie Montpetit, présidente-directrice générale de la Fédération des cégeps, a insisté sur l’importance de maintenir le soutien financier pour la formation de la main-d’œuvre qualifiée.

### Projections et enjeux à venir

Malgré les réserves autour de l’efficacité du programme, il a joué un rôle crucial en soutenant de nombreux étudiants dans leurs parcours académiques. Le gouvernement a cependant promis de continuer à verser les bourses aux étudiants déjà éligibles, mais n’a pas présenté d’alternative à leur remplacement. Il ne reste plus qu’une continuité partielle avec certains programmes liés au soutien à la réussite des stagiaires.

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La question de la pénurie de main-d’œuvre demeure pressante, surtout dans les domaines de la santé et des services sociaux, qui continuent de connaître des difficultés de recrutement. Les données récentes suggèrent une légère amélioration, mais les défis persistent. L’avenir de la politique de soutien aux étudiants et l’amélioration des conditions de travail posent question : est-il suffisant de simplement revaloriser les salaires et les conditions de travail pour attirer les futurs travailleurs ? Ne serait-il pas sage de réévaluer le programme de bourses pour renforcer son impact et sa portée, tout en consultant les acteurs clés tels que les établissements d’enseignement et les syndicats ? L’enjeu de former une main-d’œuvre qualifiée implique une approche nuancée combinant divers éléments, y compris des aides financières, des conditions d’études améliorées et une reconnaissance accrue des filières variées et essentielles à la société québécoise.