Les établissements d’enseignement supérieur au Québec doivent faire face à des défis croissants en matière de recrutement de professeurs qualifiés. En particulier, une pénurie de personnel enseignant dans certaines disciplines, accentuée par des exigences linguistiques et des besoins spécifiques de formation, complique la situation. Ce phénomène a également des retombées sur le parcours académique des étudiants.
### La difficulté de trouver des enseignants qualifiés
Au sein de plusieurs institutions, certaines étudiantes en sciences infirmières ont été récemment informées de l’annulation d’un cours pour lequel un enseignant n’avait pas pu être trouvé. Malgré les efforts distincts des départements, l’impossibilité de recruter un professeur a conduit à un remboursement des frais de scolarité pour les étudiants concernés. Ce genre de situation, bien que rare, peut créer des complications dans la progression académique des étudiants, affectant leur programme d’études en fonction des crédits obtenus.
En dépit de cette rareté, l’Université du Québec en Outaouais (UQO) reconnaît que la pénurie de main-d’œuvre est devenu un sujet préoccupant dans le secteur de l’enseignement. Les responsables de l’établissement affirment que, dans l’ensemble, le recrutement de professeurs permanents ne pose pas de problèmes majeurs. Toutefois, pour des cours spécialisées, le défi demeure. La réalité est qu’il n’est pas habituel d’annuler des cours, mais des reports peuvent survenir, ajoutant ainsi une pression supplémentaire sur les étudiants.
### Un paysage d’embauche complexe pour les francophones
Pour d’autres organismes d’enseignement, tel le Collège La Cité, la maîtrise du français dans certains programmes spécialisés constitue un obstacle supplémentaire au recrutement. La présidente de l’institution souligne les difficultés à attirer des professionnels disposant des qualifications techniques requises et capables d’enseigner dans leur langue maternelle. Par exemple, la recherche de spécialistes en cybersécurité parlant français s’apparente à la recherche d’une aiguille dans une botte de foin. Les débouchés académiques sont touchés à tel point que dans certaines circonstances, plusieurs tentatives sont nécessaires pour pourvoir un poste.
Malgré ces défis, La Cité a mis en place des stratégies proactives pour développer un réseau d’expertise et affronter les restrictions d’embauche. Cela permet d’atténuer les effets de la pénurie dans divers programmes, bien que des listes d’attente soient parfois nécessaires pour certains cours.
### La situation au Cégep de l’Outaouais
Le Cégep de l’Outaouais fait état d’une situation plus stable en ce qui concerne le personnel enseignant. Son administration insiste sur le fait que l’absence de professeurs qualifiés n’empêche pas l’opération des cours. Cependant, des difficultés ponctuelles subsistent, à l’instar d’une situation où il a fallu faire appel à des enseignants retraités en raison de l’indisponibilité d’un professeur en anglais pendant plusieurs semaines.
Le président du syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep souligne que, même si la majorité des cours sont offerts sans problème, la redistribution des étudiants entre les groupes pour compenser l’absence d’enseignants peut poser des inquiétudes sur la qualité de l’enseignement. L’absence de remplaçant à long terme pour des cours effectués par des sous-effectifs peut également affecter l’expérience étudiante, même lorsque cela reste exceptionnel.
### Les ajustements à l’embauche
Les critères de sélection des enseignants varient considérablement entre les établissements collégiaux. Chaque cégep fixe ses propres attentes, et il apparaît que certains départements, face aux difficultés croissantes de recrutement, ont assoupli leurs critères d’embauche en favorisant des candidats ayant moins de qualifications que celles traditionnellement exigées. Cela soulève des préoccupations concernant la qualité et la compétence des enseignants, ainsi que les implications pour l’apprentissage des étudiants.
À travers le réseau d’éducation au Québec, plusieurs établissements de formation postsecondaire manifestent des préoccupations face à ces enjeux de recrutement, les défis à relever restant constants et stratégiques dans un contexte de forte concurrence et de besoins spécifiques.