La situation à l’école primaire Bedford soulève des interrogations profondes, notamment concernant le rôle du Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) face aux problèmes rencontrés par les enseignants. Les accompagnateurs impliqués dans le plan d’action identifient le manque d’évaluation adéquate des enseignants comme un élément central du problème. Cependant, il est essentiel d’examiner pourquoi la gestion du CSSDM n’est pas mise en question dans ce contexte.
### La réponse du CSSDM aux critiques
Il serait pertinent de s’interroger sur les échanges entre les accompagnateurs et l’ancienne directrice de l’école Bedford, qui a été en poste entre 2017 et 2020. D’après ses déclarations, elle a alerté à plusieurs reprises les instances supérieures concernant les conditions de travail dans son établissement, demandant même une enquête sur un climat qualifié de toxique. Sa requête, cependant, a été rejetée au profit d’approches alternatives, ce qui soulève des doutes sur la volonté du CSSDM d’aborder réellement les problématiques soulevées.
### La question de l’évaluation des enseignants
Dans le contexte général de cette école, les accompagnateurs suggèrent une évaluation formelle de tous les enseignants du Québec tous les deux ans. Cela soulève plusieurs enjeux. Premièrement, bien que les directions d’école soient censées évaluer leurs enseignants, ce n’est pas nécessairement le cas dans toutes les institutions. À Bedford, il est clair que la direction avait rempli cette obligation, mais le manque de soutien approprié de la part du CSSDM a conduit à une situation non résolue.
Deuxièmement, il existe déjà des dispositifs d’évaluation, mais leur application est sporadique. Souvent, ces mécanismes sont utilisés de manière punitive, comme pour sanctionner des enseignants qui critiquent le système en vigueur, créant ainsi une atmosphère de méfiance au lieu d’un cadre de développement professionnel.
### Les défis des directions d’école
Les directeurs d’établissement font face à une charge de travail immense en raison des multiples exigences du ministère de l’Éducation. Leur responsabilité ne cesse d’augmenter, et la proposition d’ajouter des évaluations formelles pourrait rendre leur rôle encore plus complexe. Il est crucial de se demander si des ressources supplémentaires seront mises à leur disposition pour réaliser ces nouvelles tâches, ou si l’on s’attendra simplement à ce qu’elles soient intégrées dans leurs activités existantes.
### Les implications pour le système éducatif
Le plan mis en place pour les enseignants de Bedford ne devrait pas être utilisé comme un prétexte pour imposer une nouvelle forme d’évaluation à l’ensemble des 100 000 enseignants de la province. Une gestion adéquate et des réformes éclairées devraient être le fondement de toute démarche d’évaluation, et non un simple ajout à la législation ou à la réglementation existante.
### L’urgence d’un nouveau cadre de travail
Le ministre de l’Éducation doit considérer l’échéance du contrat de travail des directions d’établissement, qui a expiré depuis deux ans. Avant d’accroître leurs responsabilités, il est impératif d’établir un nouveau cadre de travail qui prenne en compte les réalités du terrain et offre un soutien concret aux éducateurs. Un dialogue constructif entre les autorités et les écoles demeure essentiel pour améliorer le système éducatif au Québec.
