La lutte des entreprises québécoises pour conserver leurs travailleurs étrangers temporaires
La communauté d’affaires du Québec se mobilise face à des réformes qui compromettent gravement l’emploi. Les chambres de commerce et des élus locaux s’accordent à demander un moratoire sur les nouvelles règles relatives aux travailleurs étrangers temporaires (TET). Ces changements, introduits en septembre, limitent le nombre de travailleurs étrangers pouvant être employés à 10 % au lieu de 20 % précédemment. Cette décision a suscité une réaction immédiate de la part des entrepreneurs, qui se disent extrêmement préoccupés par les répercussions sur leurs opérations.
Frustration croissante au sein des entreprises
La situation est devenue critique pour de nombreuses entreprises, qui se retrouvent à court de personnel lorsque les permis de travail de l’ensemble des TET expireront. Par exemple, Le Groupe Castech/Plessitech, qui dépend de l’expertise de 150 travailleurs étrangers sur un total de 300 employés, se retrouve dans une position délicate. La présidente, Jennifer Poiré, exprime sa perplexité face à la décision gouvernementale, soulignant que la situation actuelle risque d’annihiler le savoir-faire précieux développé au sein de son entreprise.
La précieuse expertise menacée
Jennifer Poiré représente un exemple emblématique d’entrepreneuriat tourné vers l’avenir en matière d’immigration. Depuis 2010, elle a mis en œuvre des stratégies visant à recruter des travailleurs étrangers afin de pallier le départ à la retraite des baby-boomers. Grâce à ces efforts, son entreprise a réussi à s’imposer sur le marché international. Elle met en avant que la perte de ces TET pourrait signifier la disparition d’une expertise essentielle, particulièrement dans des métiers techniques où la formation peut durer plusieurs années.
Les élus et les chambres de commerce tirent la sonnette d’alarme
De leur côté, les organismes tels que la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) dénoncent cette situation comme une seconde crise pour le secteur. La présidente de la FCCQ, Véronique Proulx, alerte sur le fait que ces restrictions mettent en péril non seulement la viabilité des entreprises, mais aussi leur capacité à se maintenir au sein du marché québécois. Elle souligne le cas d’une entreprise de La Baie, Proco, qui, ayant déjà recours à des TET pour son équipe, risque de perdre ses compétences techniques, indispensables à son activité.
Résultats préoccupants d’un sondage recent
Récemment, un sondage réalisé par la Table régionale des élus municipaux de Chaudière-Appalaches (TREMCA) a révélé des résultats alarmants. Environ 28 % des TET doivent s’attendre à des mises à pied d’ici 2026 si aucune mesure n’est prise. De plus, certaines entreprises envisagent de déplacer une partie de leur production hors du Québec, tandis qu’un quart d’entre elles pense à réduire leur effectif. Ceci pourrait entraîner la perte d’emplois pour près de 450 travailleurs québécois déjà en poste, ce qui poserait un problème supplémentaire dans une région avec l’un des taux de chômage les plus bas au Canada.
Appel à une action immédiate
Face à cette situation critique, la TREMCA appelle les autorités gouvernementales à élaborer un plan d’action spécifique pour la région. Les élus et les entrepreneurs s’entendent sur l’urgence d’adapter les politiques d’immigration afin de préserver l’équilibre entre les besoins des entreprises et les directives gouvernementales. Ils suggèrent que les décideurs prennent enfin la mesure de l’impact que ces nouvelles régulations peuvent avoir sur l’économie locale.