Une augmentation alarmante des départs d’enseignants au Québec
Au Québec, le nombre d’enseignants qui quittent leur poste a plus que doublé en une décennie, suscitant de nombreuses préoccupations parmi les acteurs du milieu éducatif. Les données montrent un passage de 2137 départs en 2013-2014 à 4519 départs en 2022-2023, mais les raisons précises de cette tendance demeurent mal comprises. Cette situation préoccupante est exacerbée par le gel des embauches au sein des services de ressources humaines, limitant la capacité des centres de services scolaires à suivre les départs de manière efficace.
Caractéristiques des départs récents
Les statistiques fournies par le ministère de l’Éducation révèlent que les départs d’enseignants sont principalement dus à des retraites et à des démissions, ce dernier motif ayant touché 2029 enseignants durant l’année scolaire 2022-2023, soit une augmentation par rapport à l’année précédente. Les enseignants qui choisissent de changer de centre de services scolaire ou d’enseigner dans des écoles privées sont également comptés parmi ces départs.
Un problème en pleine expansion
Le président d’une fédération des syndicats enseignants a exprimé son inquiétude quant à l’augmentation continue des départs, soulignant que la complexité croissante des tâches recommandées pourrait être un facteur incitant les enseignants à quitter leur profession. Parallèlement, bien que le nombre total d’enseignants ait augmenté de 17 % entre 2018 et 2023 pour suivre la croissance des élèves, un nombre croissant d’enseignants partent à la retraite, avec des prévisions indiquant que les départs pourraient atteindre 2600 annuellement au cours des prochaines années.
Un manque de données précises
Le ministère de l’Éducation ne compile pas les raisons spécifiques des départs des enseignants, les classant simplement dans des catégories globales. Ce manque de données précises complique la compréhension des motifs réels des départs et empêche des actions ciblées pour remédier à la situation. Une chercheuse en éducation a souligné l’importance de comprendre pourquoi de nombreux enseignants choisissent de quitter pour mieux lutter contre la pénurie qui touche actuellement le secteur.
Entrevues de départ : un processus inégal
Pour mieux cerner les raisons de ces départs, le ministre de l’Éducation a suggéré que tous les centres de services scolaires mènent des entrevues de départ avec leurs enseignants. Toutefois, le gel des embauches imposé par le Conseil du trésor limite les ressources disponibles pour effectuer ces missions, entraînant des inégalités dans la gestion des départs d’un centre à l’autre.
Les défis liés à la rétention des enseignants
Remplir des postes vacants sans comprendre pourquoi les enseignants partent revient à gérer une baignoire sans bouchon. Une enseignante en gestion scolaire a reconnu que le manque de suivi sur les départs d’enseignants pourrait mener à une insatisfaction accrue et à un turnover permanent au sein du personnel éducatif. Certains centres de services scolaires ont cependant adopté des pratiques d’entretien pour recueillir des recommandations et mieux adapter leurs politiques de gestion des ressources humaines afin d’améliorer la rétention des enseignants.
Motifs de départs variés
Bien que certains centres de services aient pu identifier les motifs principaux des départs, comme le désir de se rapprocher de leur domicile, d’autres restent dans l’incapacité de fournir des données structurées à ce sujet. L’insatisfaction liée aux salaires et aux conditions de travail apparaît comme un stimulant majeur pour les départs, soulignant ainsi des enjeux systémiques nécessitant une attention urgente.
Un effort pour uniformiser les pratiques
Reconnaissant l’inégalité dans la gestion des entrevues de départ, le ministère de l’Éducation a lancé des projets pour élaborer un outil uniforme destiné aux centres de services. L’objectif est de s’assurer que chaque école puisse obtenir des informations adéquates sur les motifs des départs afin d’en tirer des enseignements précieux pour l’avenir. Les enjeux de rétention des enseignants demeurent critiques, et comprendre les raisons des départs s’avère essentiel pour améliorer la situation générale au sein du système éducatif québécois.