L’analyse récente des conditions d’emploi au Québec met en lumière la situation des femmes issues de minorités visibles. Cette étude, fruit d’une collaboration entre le Secrétariat à la condition féminine et l’Institut de la statistique du Québec, révèle des disparités significatives, notamment en matière d’emploi, de chômage et de revenus.
### Taux d’emploi comparatif
Les données de 2023 montrent que 64 % des femmes issues de minorités visibles occupent un emploi, ce qui représente un chiffre supérieur à celui des femmes non issues de minorités visibles, établi à 58 %. Cette tendance indique que les femmes de minorités visibles se trouvent parfois mieux intégrées sur le marché du travail par rapport à leurs consœurs qui ne proviennent pas de ces groupes, malgré les défis qu’elles doivent surmonter.
### Taux de chômage préoccupant
Cependant, le tableau change lorsque l’on examine le taux de chômage. Les femmes issues de minorités visibles présentent un taux de chômage de 7,6 %, bien plus élevé que celui des femmes non issues de minorités visibles, qui est de 3,1 %. Cette réalité souligne une problématique qui mérite attention, car ces femmes sont non seulement confrontées à des obstacles en matière d’insertion dans le monde professionnel, mais elles semblent également faire face à des défis plus importants une fois en emploi.
### Diplômes universitaires et éducation
Il est également essentiel de noter que 39 % des femmes issues de minorités visibles détiennent un diplôme universitaire, ce qui est nettement supérieur au 28 % enregistré pour les femmes ne provenant pas de ces minorités. Ce chiffre témoigne d’une volonté d’accéder à l’éducation supérieure et d’une ambition professionnelle significative au sein de ce groupe. Ainsi, même si leur niveau de diplôme est souvent élevé, la réalité du marché de l’emploi reste encore très complexe à naviguer pour elles.
### Rémunération et revenus
Les inégalités se manifestent également à travers les rémunérations. En 2023, la rémunération horaire moyenne pour les femmes issues de minorités visibles s’élève à 27,00 $, une somme inférieure à celle des femmes non issues de ces minorités, qui est de 31,70 $. Quand on regarde les revenus moyens après impôt, les femmes issues de minorités visibles gagnent environ 37 200 $ par an, tandis que celles non issues de minorités visibles perçoivent en moyenne 41 100 $. Cette disparité en termes de rémunération met en lumière un enjeu d’équité économique qui nécessite des solutions concrètes.
### Qualité de vie et perception de la santé
Concernant la santé et le bien-être, seulement 48 % des femmes issues de minorités visibles considèrent leur santé comme excellente ou très bonne, comparativement à 64 % des femmes non issues de ces minorités. Cette différence pourrait être révélatrice des tensions et des stress additionnels auxquels ces femmes sont confrontées dans leur vie quotidienne, que ce soit au travail ou dans leur environnement social.
### Harcèlement et comportements inappropriés
Une autre dimension présentant un déséquilibre est celle des comportements inappropriés. En 2018, il a été rapporté que 30 % des femmes issues de minorités visibles avaient vécu des comportements sexuels non désirés en public au cours des cinq dernières années, par rapport à 24 % des femmes non issues de ces minorités. Ces statistiques soulignent l’existence d’un environnement moins sécurisant pour ces femmes et appellent à une prise de conscience collective sur la nécessité d’améliorer les conditions de sécurité et de respect pour toutes.
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Cette étude statistique met en avant les réalités complexes rencontrées par les femmes issues de minorités visibles au Québec, un groupe dont les atouts académiques ne semblent pas toujours se traduire par une juste reconnaissance sur le marché du travail. Les inégalités persistantes en matière d’emploi, de rémunération et de bien-être soulignent des défis qui nécessitent des actions concrètes pour assurer une véritable égalité des chances pour toutes les femmes, indépendamment de leur origine.