Les employés manuels de la Ville de Québec, souvent appelés cols bleus, ont généré des coûts de 8,46 millions de dollars en heures supplémentaires en 2024. Cette situation soulève des questions sur les enjeux liés aux salaires, à l’organisation du travail et à la pénurie de main-d’œuvre, qui semblent chacun jouer un rôle clé.
### Une rémunération en constante augmentation grâce au temps supplémentaire
D’après les données fournies par la Ville, les dépenses associées au temps supplémentaire ont considérablement augmenté depuis les années de pandémie. En 2020 et 2021, ces coûts avaient chuté à environ 5,7 millions de dollars, mais ils ont grimpé à 8,46 millions de dollars en 2024, ce qui représente une augmentation notable par rapport aux 7,91 millions de dollars de 2022. Cette hausse est attribuée, entre autres, à la réorganisation de certains services et à des changements dans les conditions de travail.
### Primes et bonifications des travailleurs
Parallèlement aux heures supplémentaires, la Ville consacre en moyenne 2,4 millions de dollars par an à des primes et des bonis destinés aux cols bleus. Ces incentives, gaspillés pour des motifs variés tels que des heures de nuit, de fin de semaine, la formation ou la disponibilité en cas d’urgence, augmentent la rémunération globale des employés. En 2024, certains employés de classe 12 ont même perçu des primes significatives de 10 000 et 9 000 dollars.
### Exploration des salaires élevés
Une partie des cols bleus parvient à atteindre des revenus annuels impressionnants grâce à un apport considérable d’heures supplémentaires. En effet, 46 de ces employés ont gagné plus de 100 000 dollars en 2024. Le meilleur d’entre eux a vu son salaire de base de 69 000 dollars se transformer en un total de 149 000 dollars grâce à plus de 1 100 heures supplémentaires. Ces chiffres illustrent un mélange complexe de grandes rémunérations et des défis inhérents à leur emploi.
### Les causes derrière la hausse des heures supplémentaires
Le syndicat des cols bleus met en avant plusieurs facteurs contribuant à la hausse des heures supplémentaires, notamment une réorganisation du travail, des salaires jugés peu attrayants et un manque de main-d’œuvre. La réorganisation, mise en place sous l’administration précédente, a conduit à des départs de personnel expérimenté, laissant les employés restants sous une pression accrue. La situation est exacerbée par la pénurie de travailleurs dans des domaines critiques comme l’eau potable et le traitement des eaux usées, où les équipes sont souvent appelées à travailler en heures supplémentaires pour faire face aux urgences.
### Une comparaison avec le secteur privé
Les représentants syndicaux soulignent également l’écart de rémunération entre les employés municipaux et ceux du secteur privé. Les travailleurs de métiers similaires dans d’autres régions ou dans le privé gagnent souvent des salaires plus compétitifs, ce qui complique encore la situation pour la Ville de Québec dans ses efforts pour attirer et retenir des employés qualifiés.
### Réactions de la Ville face aux enjeux soulevés
En réponse aux préoccupations exprimées par le syndicat, la Ville insiste sur le fait qu’elle dispose d’un effectif suffisant pour couvrir les besoins réguliers des services. Les heures supplémentaires, selon les autorités municipales, sont souvent liées à des demandes ponctuelles et spécifiques qui peuvent varier avec les saisons. En outre, l’administration note avoir repris certaines activités en régie afin de mieux gérer des tâches telles que la cueillette des déchets et la maintenance des infrastructures.
### Enjeux de négociation pour l’avenir
Le syndicat des cols bleus continue de plaider pour un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, arguant que de nombreuses heures supplémentaires sont imposées, plutôt que volontaires. Cette dynamique crée un défi pour la qualité de vie des employés et souligne l’importante nécessité de recrutement de nouveaux talents pour alléger la charge des travailleurs actuels.
### Perspectives pour le secteur des cols bleus
Les 1045 cols bleus employés par la Ville en 2024 doivent faire face à une situation où le temps supplémentaire n’est plus une option mais une obligation, influençant à la fois leur rémunération et leur qualité de vie. Les négociations à venir joueront un rôle crucial dans la détermination des conditions de travail et des salaires lors de la revalorisation des emplois au sein de la municipalité.