L’évolution de la présence féminine dans la construction au Québec
Au Québec, la participation des femmes dans le secteur de la construction a pratiquement doublé au cours des dix dernières années, mais elle reste minoritaire. La présidente de la Commission de la construction du Québec (CCQ), Audrey Murray, souligne un moment marquant : en 2024, 10 % des nouveaux apprentis dans les métiers de la construction étaient des femmes, une première dans l’histoire de cette industrie.
Un bond significatif
Il y a dix ans, la représentativité féminine dans les métiers de la construction était seulement de 2,2 %. En 2024, ce taux a pour la première fois dépassé les 4 %. Ce progrès est révélateur d’un intérêt croissant des femmes envers des métiers traditionnellement dominés par les hommes. Actuellement, on dénombre environ 7900 femmes parmi les 200 000 travailleurs de ce secteur.
En 2024, la CCQ a observé une belle avancée : 10 % des apprentis qui ont démarré leur carrière dans la construction étaient des femmes. Cette augmentation témoigne non seulement de l’engagement croissant des femmes dans ces métiers, mais aussi des besoins urgents en main-d’œuvre qui persistent dans l’industrie.
Des enjeux de recrutement à la rétention
Bien que le nombre de femmes entrant dans le secteur augmente, un défi majeur demeure : la rétention. Malheureusement, le taux de départ des femmes, à 40 % dans les cinq premières années, est supérieur à celui des hommes, qui est de 30 %. Les causes de cette difficulté incluent le climat de travail parfois hostile, les problèmes de conciliation entre vie professionnelle et familiale, ainsi que d’autres obstacles rencontrés sur les chantiers.
Pour mieux comprendre les raisons de ces départs, la CCQ a lancé une enquête ciblant 7000 femmes ayant travaillé ou travaillant dans la construction. Sur les 1200 répondantes, une majorité a rapporté qu’elles apprécient leur métier, mais qu’une proportion significative fait face à des situations d’exclusion sur les chantiers.
Les initiatives pour favoriser l’inclusion
La CCQ a mis en place plusieurs mesures pour encourager l’engagement des femmes dans le secteur de la construction. Par exemple, elle a aboli l’exigence selon laquelle un employeur devait assurer un minimum de 150 heures pour pouvoir embaucher un ou une travailleuse. De plus, un système de financement est maintenant disponible pour accompagner les nouvelles recrues, facilitant ainsi leur intégration.
Malgré ces efforts, seulement 16 % des entreprises de construction emploient des femmes. Audrey Murray insiste sur l’importance d’une prise de conscience collective parmi les employeurs, car le besoin de main-d’œuvre est pressant et l’inclusion est essentielle pour renforcer cette industrie.
Les progrès dans un secteur en pleine expansion
Il est à noter qu’une majorité de femmes dans le secteur signalent une amélioration de leurs conditions de travail au cours des cinq dernières années. Les femmes sont davantage visibles dans certaines métiers, comme la peinture où elles représentent 30 % des emplois, et dans le calorifugeage avec 11 %.
Les grandes entreprises de construction, telles que Pomerleau et EBC, montrent un engagement fort envers l’inclusion et le soutien des femmes dans leurs équipes. Toutefois, cette dynamique doit également s’étendre à d’autres groupes sous-représentés, tels que les travailleurs issus de l’immigration et les femmes des Premières Nations, afin de créer une main-d’œuvre plus diversifiée et compétente.
Un avenir prometteur
Le secteur de la construction québécois devrait encore nécessité une forte main-d’œuvre dans les années à venir, notamment en raison des projets d’envergure à venir. Pour attirer et retenir les femmes, l’industrie doit continuer à évoluer et à répondre aux attentes de ses nouvelles travailleuses, tout en solidifiant sa réputation comme un choix de carrière attractif et inclusif.
