L’impact inattendu de la PCU sur les jeunes en quête de gains rapides
Lors de l’instauration de la Prestation canadienne d’urgence (PCU), une aide financière destinée aux Canadiens en difficulté pendant la pandémie, de nombreux jeunes ont vu en cette mesure une opportunité pour s’enrichir illégalement. Parmi eux, François, un garçon de 15 ans, a partagé comment lui et ses amis ont saisi cette chance pour s’engager dans des actes de fraude. En créant des failles dans le système, ils ont vu naître un moyen de légalement percevoir de l’argent, sans réaliser les conséquences qui en découleraient sur leur vie.
François, encore élève à l’école primaire lorsque la PCU a été introduite, a révélé que ce programme n’avait pas directement influencé son choix de vivre dans la criminalité, mais a néanmoins considéré que cela lui avait donné un coup de pouce pour se lancer dans des activités frauduleuses. Avec ses amis, ils ont commencé à utiliser la PCU comme un moyen de gains rapaces. Le fait de se regrouper a amplifié les montants d’argent en jeu, faisant de la fraude un véritable commerce pour ces adolescents.
Avec l’argent stratégiquement obtenu de la PCU, François s’est retrouvé avec les ressources nécessaires pour entrer dans le monde criminel, s’achetant même une arme et des outils pour commettre des cambriolages. Avant la pandémie, il n’était pas pleinement impliqué dans le milieu, mais l’argent facile l’a entraîné vers des activités illégales, augmentant ainsi son engagement dans les gangs.
À l’échelle nationale, le paysage de la criminalité a pris une tournure inattendue grâce à la PCU. Plus de 20 millions de Canadiens ont tiré profit de cette prestation en 2020, avec un montant moyen reçu par Québécois dépassant 7000 $. La flexibilité dans le processus d’application a permis à plusieurs de contourner les règles, soulignant les failles du système qui ont été rapidement exploitées.
Les témoignages de professionnels comme Burt Pierre, un intervenant communautaire, montrent comment cette aide temporaire a eu des répercussions permanentes sur la jeunesse. Après la mise en place de la PCU, il a été témoin d’une augmentation des jeunes qui ont découvert comment tirer avantage du programme. Ces jeunes se sont mobilisés pour acheter des éléments facilitant d’autres formes de délinquance, comme des dispositifs pour le vol de voitures et même des armes à feu.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, avec une hausse alarmante des infractions liées aux armes à feu et au vol de voitures, qui a triplé chez les jeunes de 12 à 17 ans entre 2019 et 2023. Les acteurs du milieu de la criminalité, auparavant petits délinquants, ont trouvé dans les fraudes à la PCU une façon rapide de s’enrichir, leur permettant ainsi d’élargir leurs activités criminelles.
Pour d’autres jeunes comme Dominic, la fraude à la PCU est devenue une norme. Il a expliqué que la méthode consistait à usurper l’identité d’autres Canadiens pour faire des demandes et toucher des montants d’argent. Cette situation a engendré une véritable onde de choc : des Canadiens se sont retrouvés victimes de vol d’identité, tandis que des milliers de signalements étaient déposés au Canada. Les escroqueries étaient si répandues que le Centre antifraude du Canada a signalé près de 27 000 cas d’usurpation identitaire en 2021, illustrant l’ampleur du problème.
Le climat de rue a rapidement évolué, les jeunes ayant appris à tirer profit de la situation, attirés par l’argent rapide. Cette dynamique a rendu la fraude moins risquée pour ceux qui avaient l’habitude d’éviter les représailles judiciaires, car au moment de la bénéficiaire action, les yeux de la police étaient rivés ailleurs.
L’idée que l’argent facile pourrait entraîner une dérive dans le milieu criminel n’est pas passé inaperçue auprès des experts en criminologie. Selon René-André Brisebois, les fraudes à la PCU ont créé une opportunité lucrative qui a séduit des jeunes en quête de gains rapides, leur envoyant un message clair : il était facile de gagner de l’argent sans se heurter aux conséquences habituelles. Ce lien entre la PCU et l’augmentation des activités criminelles ne pouvait échapper aux yeux des forces de l’ordre, qui ont rapidement fait le lien entre les fraudes à la PCU et l’armement croissant des petits groupes criminels.
Les observations des enquêteurs indiquent sans équivoque qu’un nombre inquiétant de jeunes délinquants a vu dans la fraude à la PCU une porte d’entrée vers un mode de vie criminel plus rémunérateur et plus risqué. Ceux qui avaient précédemment des comportements délinquants mineurs ont été tentés d’explorer des voies plus lucratives et dangereuses comme le trafic d’armes et le vol, transformant ainsi une aide temporaire en un tremplin dramatique vers une carrière criminelle.