Rodrigo Rodriguez, un immigrant chilien, a fait le choix audacieux de quitter son pays natal pour s’installer à Québec. À 43 ans, il a emmené sa conjointe, Tatiana Sanhueza, et leurs enfants vers une nouvelle vie, animée par l’espoir et l’ambition d’un avenir meilleur.
Un parcours transformé par la migration
Au départ, la famille de Rodrigo avait prévu de s’installer au Canada dès 2010. Malheureusement, le tremblement de terre catastrophique qui a frappé le Chili en février de cette même année a bouleversé leurs projets. La priorité est devenue de rester près de leurs proches pendant une période difficile. Ce n’est qu’un an plus tard que Rodrigo et sa famille se sont finalement installés à Québec. Avec un permis de visiteur en poche, Rodrigo a rapidement été en mesure d’intégrer le monde du travail, mais il a dû faire face à de nombreux défis.
En effet, malgré une expérience solide dans le domaine audiovisuel et du graphisme à Concepción, il a dû repartir de zéro à son arrivée. L’intégration ne se limitait pas seulement à trouver un emploi; elle impliquait également l’apprentissage de la langue. Rodrigo a commencé par suivre des cours de français, mais il a rapidement découvert que la meilleure école était le terrain, à travers diverses expériences professionnelles.
Un chemin professionnel parsemé d’embûches
Rodrigo a enchaîné les petits boulots, travaillant successivement comme laveur de voitures, livreur et concierge. Chacune de ces expériences lui a permis non seulement de subvenir aux besoins de sa famille, mais aussi d’améliorer son français. Au fil du temps et grâce à un emploi de livreur, il a acquis une connaissance approfondie de la ville de Québec, se familiarisant avec ses rues et ses quartiers.
Cependant, un incident de santé l’a poussé à abandonner son emploi de laveur de voitures. Après cette épreuve, un ami lui a offert l’opportunité de renouer avec sa passion pour le graphisme en devenant travailleur autonome. Cela a marqué un tournant décisif dans sa carrière, lui permettant de mener à bien des projets qui lui tenaient à cœur, notamment des contrats avec Couche-Tard.
L’engagement civique à travers l’audiovisuel
À partir de 2017, Rodrigo a orienté son expertise vers des causes sociales. En collaborant avec le Service d’orientation et d’intégration des immigrants au travail, il a commencé à réaliser des capsules vidéo sur des thématiques liées à l’employabilité. Pendant la pandémie de COVID-19, il a adapté ce format pour mettre en lumière le vécu d’autres immigrants latino-américains, partageant leurs histoires et leurs luttes dans une nouvelle réalité.
Son implication ne s’est pas arrêtée là. Le projet phare de sa carrière est le documentaire qu’il a co-réalisé avec le sociologue Pierre Mouterde, intitulé "Des immigrants et des papillons". Dans ce film, des témoignages de Québécois et de nouveaux arrivants s’entrelacent pour interroger les dynamiques d’intégration. Rodrigo met en avant que l’immigration ne doit pas reposer uniquement sur les épaules des immigrants; la société québécoise a aussi une responsabilité dans ce processus.
Sentiment d’appartenance et devoir civique
Rodrigo Rodriguez ne se considère pas seulement comme un immigrant. Il ressent une forte appartenance civique au Québec, où il vit avec sa famille depuis plus d’une décennie. Bien qu’il ne détienne pas encore la citoyenneté canadienne, il a déjà établi des racines solides dans la communauté. Sa vision de l’immigration repose sur le respect et l’échange culturel. Pour lui, chaque immigrant arrive avec une valise culturelle qui enrichit la société québécoise, et il plaide pour que cette richesse soit valorisée plutôt que de demander une assimilation complète.
Son documentaire, reconnu et récompensé, est une pierre angulaire de cet engagement. En abordant des questions de solidarité et d’ouverture, Rodrigo espère encourager une réflexion chez les Québécois sur leurs propres préjugés et sur ce que signifie réellement accueillir l’autre.
Un regard sur le Québec
Rodrigo apprécie la sécurité et la taille humaine de Québec, tout en reconnaissant le défis posés par les hivers rigoureux. Pourtant, il déplore un manque d’ouverture de certains Québécois, souhaitant qu’ils fassent preuve de davantage de chaleur et de camaraderie envers les nouveaux arrivants. Par son engagement et son parcours, Rodrigo Rodriguez illustre parfaitement l’idée qu’une société peut évoluer et prospérer grâce à la diversité et à la solidarité entre ses membres.