La Beauce, un territoire à l’économie dynamique, subit une véritable tempête économique suite à l’instauration de nouveaux tarifs douaniers sur les produits canadiens par l’administration Trump. Les artisans et entrepreneurs de cette région, souvent qualifiée de poumon économique du Québec, se trouvent face à une incertitude grandissante, avec de nombreuses entreprises à la veille de devoir réduire leurs effectifs.
Un secteur du bois en difficulté
Carol Roy, propriétaire de Bois Francs CR, à Tring-Jonction, est l’un des nombreux entrepreneurs qui en ressentent les effets. Avec un chiffre d’affaires qui s’effondre en raison de l’absence de commandes de ses clients américains, Monsieur Roy annonce la fermeture imminente de son entreprise. Ses employés déjà touchés par des licenciements ne sont que l’illustration d’une réalité tragique à laquelle plusieurs artisans de la région doivent faire face. Les clients hésitants, selon lui, traduisent une méfiance face à la hausse des tarifs, qui se chiffrent à 25 % sur de nombreux produits canadiens, compromettant ainsi l’avenir de nombreuses PME.
Une région dépendante des exportations
La dépendance de la Beauce vis-à-vis du marché américain est évidente, avec près de 65 % des entreprises locales qui exportent vers les États-Unis. Parmi celles-ci, un tiers dépend de ces marchés pour plus de la moitié de leur chiffre d’affaires. Ce lien étroit les rend particulièrement vulnérables aux fluctuations de la politique commerciale américaine. Le premier ministre François Legault a récemment évoqué cette réalité en rencontrant la communauté d’affaires de Saint-Georges-de-Beauce, soulignant ainsi les enjeux majeurs auxquels ces entreprises sont confrontées.
Une communauté d’affaires sous pression
La décision de Donald Trump a provoqué un coup d’arrêt brutal pour de nombreux entrepreneurs qui, jusqu’à récemment, espéraient échapper à l’impact de ces barrières tarifaires. Hélène Latulippe, directrice du Conseil économique de Beauce, évoque des entrepreneurs qui, dans un premier temps, ont été dans le déni, mais qui prennent désormais conscience des réalités économiques. En examinant leur situation avec l’aide de comptables et d’avocats, ils tentent de trouver des solutions pour survivre. Il est clair que plusieurs secteurs, notamment ceux de l’acier et du bois, se préparent à un avenir morose si la situation ne s’améliore pas.
Des pertes d’emplois à anticiper
Les entreprises du secteur manufacturier, déjà éprouvées, prévoient une vague de mises à pied. Jacques Labbé, vice-président de CAMNOR, une entreprise qui exporte 95 % de ses structures d’acier vers les États-Unis, souligne la menace d’un nouveau relèvement des tarifs en mars prochain qui pourrait les rendre non compétitifs. Ce climat d’incertitude pousse les dirigeants à naviguer “à vue”, sans directives claires.
Impact sur l’économie locale
Les effets des tarifs douaniers ne se limitent pas aux entreprises de la transformation du bois et de l’acier. D’autres secteurs, comme l’agriculture et les produits d’érable, pourraient également ressentir l’impact plus tard. Guy Bolduc, à la tête d’une PME spécialisée dans le sirop d’érable, s’inquiète des conséquences sur ses ventes qui, en cas de hausse des prix, pourraient éloigner les consommateurs américains. Dans le contexte actuel, la prévision de pertes d’emplois atteint des chiffres alarmants pour le Québec, avec des estimations allant de 100 000 à 160 000 postes menacés.
Des mesures gouvernementales en vue
Face à ce tableau préoccupant pour l’emploi et l’économie locale, le gouvernement du Québec a promis du soutien aux entreprises touchées par ces changements tarifaires. Cependant, la question demeure de savoir si ces efforts seront suffisants pour neutraliser les impacts dévastateurs des nouvelles politiques commerciales américaines sur des régions comme la Beauce, largement intégrées dans le marché américain.