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Les dirigeants de nos médias prennent enfin conscience !

La prise de conscience des dirigeants médiatiques au Québec

Le 20 février dernier, une assemblée inattendue a eu lieu entre les hauts responsables de l’industrie médiatique au Canada. Les chefs de grandes entreprises telles que Bell, La Presse et Postmedia ont décidé de s’unir pour faire entendre leur voix face à la législation fiscale qui impacte directement leur attrait et leurs revenus. Cette coalition a adressé une demande urgente au ministre des Finances et à la ministre du Patrimoine, exigeant une révision de l’article 19 de la Loi de l’impôt sur le revenu.

L’importance de l’article 19

Introduit dans les années 1960, cet article interdisait aux entreprises canadiennes de déduire les coûts publicitaires engagés auprès de médias imprimés étrangers. Une mesure qui a été cruciale pour la survie de plusieurs magazines emblématiques à l’époque. Malheureusement, le paysage médiatique a évolué, et cet article n’a jamais été mis à jour pour inclure le numérique. Cette lacune a des conséquences désastreuses : des milliards de dollars de publicité sont détournés vers des plateformes de médias américains comme Google et Facebook, menaçant la viabilité des médias locaux.

L’impact sur l’emploi au Québec

Cette situation a entraîné la destruction d’emplois dans le secteur des médias au Québec, avec la perte de près de 8000 postes au cours des huit dernières années. La crise a également conduit à la fermeture de nombreux organes de presse, affectant gravement le tissu de l’information au niveau local. Depuis quinze ans, environ 40 quotidiens, 400 hebdomadaires, ainsi que plusieurs stations de radio et chaînes de télévision ont disparu. Les conséquences sont lourdes, non seulement pour les travailleurs, mais aussi pour les citoyens qui dépendent d’une presse libre et diversifiée.

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La réaction des médias face à la crise

Malgré l’urgence de la situation, les responsables médiatiques ont longtemps tardé à agir. Leur récent appel à l’action soulève des questions sur les raisons de leur inaction antérieure. Comment expliquer qu’ils aient attendu si longtemps pour contester une injustice qui afflige leur secteur ? La prise de conscience tardive de ces dirigeants semble souvent décalée par rapport à l’ampleur de la crise.

Cela dit, certains d’entre eux, comme Louis Audet, n’ont pas hésité à qualifier la situation de « absurdité incompréhensible ». L’exemple de la campagne publicitaire du gouvernement fédéral sur les réseaux sociaux, pour annoncer une simple pause de TVA, sert d’illustration flagrante de cette incohérence.

Des appels au changement nécessaires

Les réflexions sur l’article 19 ne sont pas nouvelles. Mais leur résonance prend une ampleur différente aujourd’hui. Des interrogations et des préoccupations ont été soulevées depuis des années concernant la possibilité de réviser la façon dont la Loi de l’impôt traite les dépenses publicitaires des entreprises. Les propositions de réforme existent, mais semblent avoir été ignorées. Une simple directive de l’Agence du revenu pourrait suffire à rediriger ces investissements vers les médias canadiens.

La situation est alarmante, et l’urgence d’agir est de plus en plus pressante. La pérennité du paysage médiatique au Québec en dépend, tout comme la préservation d’un emploi stable pour de nombreux travailleurs du secteur. La coalition de ces dirigeants médiatiques pourrait marquer un tournant, mais il reste à déterminer si leurs appels trouveront un écho favorable au sein du gouvernement.

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