Marie-Chantal Croft et l’Art de Transformer l’Ancien en Neuf
Un Choix Audacieux pour le Développement Durable
Marie-Chantal Croft, architecte de renom, a pris une décision surprenante en 2020 en rejoignant Écobâtiment, un organisme à but non lucratif dédié à la durabilité des bâtiments au Québec. Cette transition a suscité des réactions perplexes parmi ses pairs, étant donné son parcours impressionnant, incluant des réalisations prestigieuses comme la Grande Bibliothèque de Montréal et le théâtre Le Diamant à Québec. Au lieu de continuer à évoluer dans un prestigieux cabinet d’architecture, elle a choisi de travailler dans une structure moins connue, mais engagée pour un avenir plus vert.
Une Équipe Prête à Évoluer
Marie-Chantal a commencé par un poste de stagiaire, mais cela n’a pas duré. L’équipe d’Écobâtiment, désireuse de bénéficier de ses compétences, a rapidement adapté son rôle pour correspondre à son expertise. Léa Méthé, qui a dirigé l’organisation jusqu’en 2024, se souvient du processus d’intégration : « C’était comme si une vedette avait décidé de rejoindre notre équipe, et nous étions tous méfiants mais excités par cette opportunité. » Ce choix audacieux est également soutenu par la volonté de Croft de réduire son emploi pour rendre cela financièrement viable, mettant ainsi en avant ses valeurs personnelles.
Proposer une Nouvelle Vision de l’Architecture
Marie-Chantal Croft possède plus de trois décennies d’expérience en architecture. Elle propose une approche révolutionnaire : plutôt que de démolir pour construire, il est crucial de repenser l’utilisation des bâtiments existants. Beaucoup d’immeubles au Québec sont sous-utilisés ou laissés à l’abandon, un fait que Croft s’engage à changer. Sa mission s’inscrit dans un cadre où la durabilité rime avec conservation du patrimoine.
Elle souligne que l’occupation révisée de ces sites peut réduire l’impact environnemental tout en préservant l’héritage culturel. Un inventaire des constructions anciennes a été lancé, dans le but de préserver ces trésors architecturaux.
Les Erreurs du Passé et l’Avenir Durable
Croft critique ouvertement la pratique fréquente des municipalités à construire de nouveaux bâtiments alors que des lieux vétustes sont disponibles. L’exemple typique reste celui des centres communautaires construits en dépit de la présence d’églises inoccupées, entraînant un gaspillage de ressources. Les solutions d’Écobâtiment offrent une alternative sensée qui pourrait non seulement sauver des sites historiques mais également répondre aux besoins de logements.
La Révolution Architecturale à Travers la Recherche
Dans son nouveau rôle, Croft se concentre sur la recherche, cherchant à évaluer les avantages écologiques des rénovations par rapport à la construction neuve. Elle collabore avec des équipes pour développer des scénarios d’occupation pour des bâtiments vacants, préservant ainsi leur essence tout en leur donnant une nouvelle vie. Cela inclut la transformation d’anciens monastères et d’églises en espaces communautaires modernes, tels que des bibliothèques ou des résidences pour aînés.
Sensibilisation et Éducation au Changement
Marie-Chantal Croft ne se contente pas de travailler en coulisse. Elle s’investit également dans la sensibilisation, partageant son message lors de conférences pour encourager davantage de gens à prendre des mesures pour réduire le gaspillage dans le secteur de la construction. L’absence de projets architecturaux emblématiques au profit de la réhabilitation et du dogme de la conservation nécessite un changement radical de mentalité, se réjouissant du fait que son plaidoyer trouve un écho favorable auprès des décideurs.
Le Potentiel des Espaces Oubliés
Au-delà de la simple notion de réhabiliter des bâtiments historiques, Croft voit un potentiel immense dans les milliers de structures inoccupées du Québec. Des espaces industriels aux anciens couvents, chaque bâtiment peut avoir une nouvelle fonction, comme des ateliers d’artistes ou des centres d’agriculture urbaine. Elle rêve d’établir un registre exhaustif de ces lieux, à l’image de ce qui existe en France, pour permettre une mise en relation entre promoteurs et bâtiments à revitaliser.
L’Impact Environnemental de la Rénovation
Les recherches menées par Écobâtiment montrent clairement que la restauration de bâtiments existants peut réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre. L’enfouissement des déchets des constructions neuves représente un coût écologique élevé, avec environ 2,37 millions de tonnes de déchets générés chaque année au Québec. Ces chiffres fournissent des arguments solides à ceux qui plaident en faveur de la préservation des anciens bâtiments face à la pression de la nouvelle construction.
Les Défis de la Préservation
Cependant, il existe des obstacles à cette vision. Les normes réglementaires et les défis financiers peuvent rendre la restauration complexe. Le projet du théâtre Le Diamant, par exemple, a nécessité un investissement majeur pour redonner vie à un bâtiment datant de 1879. De tels efforts sont souvent dépendants des subventions gouvernementales, ce qui met davantage en évidence la nécessité de initiatives coordonnées pour la préservation.
Vers un Futur Plus Harmonieux
Marie-Chantal Croft appelle également à redéfinir ce qui constitue le patrimoine architectural, en intégrant des bâtiments plus récents dans cette définition afin de valoriser la mémoire collective des communautés. La transformation de l’approche envers le développement immobilier est primordiale pour permettre une harmonie entre développement urbain et conservation historique.
Elle s’efforce de démontrer que chaque espace, quel qu’il soit, mérite une seconde chance et que la véritable innovation en architecture ne réside pas seulement dans la création de nouveaux modèles, mais aussi dans la capacité à redonner vie aux anciennes structures, tout en respectant leur histoire.