Le gouvernement du Québec fait face à un dilemme majeur concernant la gestion des dépenses de santé. Alors que des efforts sont entrepris pour rétablir l’équilibre budgétaire, des coupes dans le personnel de santé sèment le trouble, en particulier au sein des professions essentiels comme celle des kinésiologues.
Des coupes brusques dans le personnel de santé
Santé Québec a été mandaté pour réduire ses dépenses de 1,5 milliard de dollars au sein du réseau de la santé. Cette initiative a conduit à des compressions significatives qui inquiètent de nombreux professionnels, notamment les kinésiologues. Depuis le début de l’année, la Fédération des kinésiologues du Québec (FKQ) a noté que plus de 20 postes ont été abolis, dont plusieurs sont des rôles cruciaux dans le soutien à domicile pour les aînés.
Impact sur les services de réhabilitation
L’un des cas les plus illustratifs est celui de Valérie Aimé, kinésiologue au Centre d’expertise en maladie chronique. Son poste, établi depuis avril dernier, sera supprimé en mars prochain, bien que la direction ait évoqué la possibilité de retarder cette décision pour éviter un manque de continuité des services auprès des patients. La suppression de son rôle, qui consiste à encadrer des individus ayant subi des crises cardiaques ou vivant avec des maladies respiratoires, soulève des interrogations sur la continuité des soins, alors que ses patients ont besoin d’une attention régulière et adaptée.
Appels à un moratoire sur les coupures
La FKQ exprime des inquiétudes quant à la logique derrière ces suppressions de postes dans le contexte où le gouvernement projette de lancer des consultations sur une stratégie de prévention en santé. Le président de la FKQ, Marc-Antoine Pépin, remet en question cette approche contradictoire, soulignant que couper dans les services de prévention tout en planifiant des initiatives de santé publique crée une incohérence.
La valeur ajoutée des kinésiologues en prévention
Les kinésiologues jouent un rôle fondamental dans la prévention, non seulement en matière de réhabilitation physique, mais aussi pour la santé mentale et le bien-être général, en particulier des populations âgées. Leur présence dans les hôpitaux aide à prévenir le déconditionnement et peut réduire significativement la durée de séjour des patients. Des cas ont montré que cette intervention permettait à certains patients de retourner chez eux plutôt qu’en CHSLD, soulignant ainsi l’importance de leur rôle.
Croissance des kinésiologues dans le réseau de la santé
Entre 2021 et la période précédente aux coupes, le nombre de kinésiologues dans le réseau de santé a presque doublé, passant de 350 à 693. Cette croissance témoigne d’une reconnaissance croissante de leur contribution au système de santé, particulièrement dans le contexte des soins préventifs. Cependant, la FKQ craint que ces récentes suppressions compromettent cet essor et aboutissent à une diminution de la qualité des soins offerts.
Les conséquences sur la qualité de vie des aînés
Le retrait de ces postes critiques risque d’avoir des répercussions majeures sur la qualité de vie des personnes âgées, en particulier lors de leur retour à domicile après une hospitalisation. L’absence de kinésiologues pour les accompagner peut entraîner une détérioration rapide de leur état de santé, ainsi qu’une augmentation des besoins en soins prolongés et en ressources médicales.
Sans doute, le débat sur les coupes budgétaires et leur impact sur les services de santé se poursuivra au Québec, alors que les différents acteurs demanderont la concertation et la cohérence des décisions gouvernementales dans un contexte où la prévention devrait être une priorité.