Une situation préoccupante s’est développée dans la région de Sept-Îles, où une dizaine de femmes enceintes à risque ont été évacuées vers Baie-Comeau en raison d’une pénurie persistante de gynécologues. Le transfert, prévu pour durer jusqu’à la semaine prochaine, a été recommandé par le CISSS de la Côte-Nord afin d’assurer la sécurité des patientes.
### Transfert préventif en raison d’une insuffisance de spécialistes
Le déplacement a été organisé tôt samedi matin, avec certaines patientes voyageant par leurs propres moyens, tandis qu’une ambulance et un autobus nolisé accompagnaient le reste du groupe. Cette initiative fait suite à un précédent où le CISSS avait déjà envisagé le transfert d’une trentaine de femmes enceintes, situation qui avait été évitée grâce à la mobilisation d’une chirurgienne capable de procéder à des césariennes. Malheureusement, ce niveau de service ne peut être maintenu de manière continue, ce qui a conduit à ce transfert préventif.
### L’évaluation des risques par des professionnels
La décision de déplacer les patientes a été basée sur une évaluation clinique réalisée par un gynécologue. Selon les autorités de santé, un gynécologue est essentiel pour évaluer correctement les femmes ayant des grossesses à risque, une tâche qu’un chirurgien général n’est pas en mesure d’accomplir. Le président du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens de la Côte-Nord, Youssef Ezahr, souligne que même si ce transfert n’est pas idéal, c’est la solution la plus sécuritaire pour les femmes concernées.
### Pénurie de personnel médical : un problème provincial
La difficulté rencontrée à Sept-Îles n’est qu’un reflet d’un problème plus vaste qui affecte l’ensemble de la province. Youssef Ezahr déplore que les régions soient souvent les premières touchées par ces pénuries de spécialistes. En outre, la Côte-Nord fait également face à une pénurie d’infirmières qui complique davantage la situation.
### Témoignages sur les conséquences des déplacements
Cette situation a également des répercussions sur les femmes enceintes qui se voient contraintes de se déplacer sur de longues distances pour obtenir des soins. Julie Rousseau, directrice de l’organisme À la source, met en lumière les inégalités d’accès aux soins qui perdurent. Elle évoque le fardeau financier que ces déplacements imposent aux femmes, un facteur qui contribue à un appauvrissement général lorsqu’il s’agit de gérer des problèmes de santé graves.
### L’inefficacité des solutions mises en place
La gestion du dossier par Santé Québec a été critiquée pour son manque de transparence et ses réponses insuffisantes aux problématiques locales. Selon Youssef Ezahr, les gestionnaires locaux doivent souvent faire face à ces défis seuls, sans plan de contingence suffisant en cas de crise. La nécessité d’un plan d’action pour pallier aux pénuries de personnel et la mise en place de solutions pérennes est jugée essentielle.
### Engagement des autorités pour une amélioration
Face à cette crise, Kateri Champagne-Jourdain, la ministre responsable de la Côte-Nord, rassure en affirmant que des mesures sont prises pour remédier à la situation. Elle souligne l’importance de continuer à travailler sur le recrutement de professionnels de la santé pour assurer des soins adéquats dans la région. Son engagement est clair : les patientes doivent pouvoir bénéficier des soins dont elles ont besoin, sans avoir à se soucier de la disponibilité des spécialistes.
La situation à Sept-Îles et Baie-Comeau est symptomatique des défis croissants rencontrés par le système de santé québécois, surtout dans les régions éloignées où l’accès aux soins spécialisés est de plus en plus problématique. Les patientes resteront à Baie-Comeau jusqu’à ce qu’un gynécologue soit de nouveau disponible à Sept-Îles, le 14 mars prochain.