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Un fauteuil de recherche sur l’évolution linguistique au Québec

Un nouvel axe de recherche se déploie au Québec, centré sur l’interaction entre immigration et dynamique linguistique, à travers la récente création d’une Chaire dédiée à cette thématique. Cette initiative s’inscrit dans un contexte où l’immigration représente désormais l’un des principaux moteurs de croissance démographique dans la province.

### Une Chaire dédiée à la dynamique linguistique

La Chaire de recherche sur la situation démolinguistique et les politiques linguistiques, qui démarre ses activités ce mois-ci, se donne pour mission d’analyser la complexité des relations entre la langue et les différentes réalités vécues par les immigrants au Québec. Dirigée par Sébastien Arcand d’HEC Montréal et Richard Marcoux de l’Université Laval, elle réunit une équipe pluridisciplinaire composée d’une douzaine de chercheurs et d’une quinzaine de collaborateurs.

### État des lieux des flux migratoires

Les premières recherches vont se concentrer sur l’analyse des flux migratoires au Québec, avec des données révélatrices. Par exemple, 77 % des immigrants francophones originaires de pays comme la France et la Côte d’Ivoire choisissent le Québec comme destination en raison de son environnement linguistique. En revanche, la province semble moins attractive pour les immigrants anglophones, qui se dirigent davantage vers d’autres provinces canadiennes.

### Approche et méthodologie

La Chaire adopte une approche « méso », se focalisant sur les dynamiques intermédiaires au sein des organisations et des communautés. Un des axes de recherche envisagés concerne l’impact des travailleurs temporaires sur le marché du travail québécois. Ces derniers, loin de se limiter à des emplois saisonniers, se retrouvent dans un large éventail de secteurs économiques. Un projet en cours vise spécifiquement à étudier les efforts de francisation de ces travailleurs à Sept-Îles.

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### Enjeux du plurilinguisme

Un autre volet de la recherche portera sur le plurilinguisme et la réalité linguistique des ménages québécois, où des langues comme le wolof ou l’arabe sont souvent parlées en parallèle du français. Les chercheurs de la Chaire s’engagent à mieux comprendre cette complexité, qui échappe souvent aux discours simplistes sur l’état de la langue française au Québec.

### Vers de nouvelles pratiques

La création de ressources éducatives, comme un Mooc (cours en ligne ouvert), fait également partie des projets de la Chaire. Grâce à la collaboration avec la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec, ces initiatives visent à faciliter l’apprentissage du français, tout en tenant compte des diversités culturelles et linguistiques présentes au sein de la population.

### Enrichir le débat public

La Chaire entend également apporter une contribution significative au débat public autour des enjeux linguistiques en présentant des faits et des études variées. Les chercheurs estiment que la discussion doit aller au-delà des chiffres et prendre en compte un éventail de réalités, dont la diversité linguistique pourrait être un atout plutôt qu’un obstacle.

### Travaux à venir

Les futures recherches s’intéresseront à l’impact que peuvent avoir les outils modernes, comme les applications de traduction, sur l’apprentissage et l’usage du français, et s’efforceront de tracer un portrait plus nuancé du paysage linguistique au Québec. Ce travail promet d’apporter des éclairages nouveaux sur la façon dont les diverses langues interagissent et façonnent la société québécoise.

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Au cœur de ces travaux, l’équipe de recherche est consciente qu’une meilleure compréhension de ces dynamiques est essentielle pour naviguer dans une société en constante évolution, où la langue est un enjeu capital. L’objectif est de produire des connaissances qui enrichiront le débat public et éclaireront les décideurs dans leurs démarches.