Rodrigo Rodriguez, un Chilien de 43 ans, a pris une décision significative en quittant son pays natal pour s’installer à Québec, avec sa conjointe Tatiana Sanhueza et leurs enfants. Ce choix a été motivé par plusieurs facteurs, notamment la volonté de sa partenaire de poursuivre un doctorat au Canada. Rodrigo est parvenu à entrer au pays avec un visa de visiteur, rapidement suivi d’un permis de travail après six mois.
Leur projet d’immigration, initialement prévu pour 2010, a été chamboulé par le tremblement de terre dévastateur qui a frappé la région de Concepción, les forçant à réévaluer leur priorité de rester près de leur famille dans un moment de crise. Avant son départ, Rodrigo avait construit une carrière dans le secteur de l’audiovisuel au Chili, réalisant des vidéos promotionnelles et enseignant à des étudiants en design. Cependant, son arrivée à Québec en 2011 a marqué le début d’un tout nouveau chapitre professionnel, où il a été contraint de partir de zéro.
### Une Transition Professionnelle
Rodrigo a dû faire face à un défi majeur en découvrant qu’il devait se réinventer. Il ne parlait pas le français alors que sa femme, elle, maîtrisait déjà la langue. Son apprentissage du français a démarré avec des cours spécialisés, mais il a rapidement compris que son véritable enseignement venait de l’expérience quotidienne sur le terrain. Les premiers emplois qu’il a occupés, tels que laveur de voitures ou concierge, bien qu’éloignés de ses compétences professionnelles, lui ont offert une immersion dans la culture locale et un moyen d’apprendre la langue à travers les interactions avec les Québécois.
### Revirement de Carrière
Sa carrière a connu un tournant crucial lorsqu’une blessure à la main l’a contraint à abandonner son travail de laveur de voitures. Rodrigo a alors décidé de revenir à ses racines dans le graphisme et l’audiovisuel, devenant travailleur autonome. Sa détermination lui a permis de décrocher des contrats, notamment avec Couche-Tard, qui sontvenus ponctuer un parcours qu’il considère comme une forme de renaissance professionnelle.
### Soutien à l’Intégration Immigrante
Rodrigo a également été motivé par une volonté de contribuer à la communauté dans laquelle il vit. En 2017, il a commencé à collaborer avec le Service d’orientation et d’intégration des immigrants au travail (SOIT), où il a mené des projets audiovisuels qui s’intéressent à la question de l’employabilité des immigrants et à leur processus d’intégration. Son engagement a pris une nouvelle dimension durant la pandémie de COVID-19, où il a mis en avant des témoignages d’immigrants via des capsules vidéo, offrant une plateforme pour partager leurs expériences et défis.
### Un Projet Mémorable : Un Documentaire Sur l’Immigration
Parmi ses projets, le documentaire qu’il a co-réalisé avec Pierre Mouterde, intitulé “Des immigrants et des papillons”, est celui qui lui tient le plus à cœur. En explorant les dynamiques de l’immigration au Québec, le film souligne l’importance de la responsabilité collective des québécois envers les nouveaux arrivants. Rodrigo interroge également le concept d’intégration en remettant en question ce que cela implique réellement pour les immigrants, tout en rappelant la riche histoire d’ouverture du Québec.
### Appartenance Civique et Identité
Rodrigo exprime un fort sentiment d’appartenance civique au Québec, déclarant qu’il ressent le besoin de partager la réalité de l’immigration à travers son travail. Bien qu’il ne soit pas encore citoyen canadien, il est résident permanent depuis 2019 et prévoit de poursuivre sa demande de citoyenneté. Pour lui, le fait de réaliser “Des immigrants et des papillons” a renforcé son lien avec sa nouvelle maison. Il parle de la complexité de sa situation familiale, où même si leur cœur reste attachement au Chili, leur vie quotidienne et leur identité sont désormais ancrées dans la société québécoise.
### Perspectives et Réflexions Personnelles
Rodrigo évoque sa gratitude pour la confiance que lui accorde la communauté québécoise, ainsi que sa satisfaction quant à la qualité de vie à Québec, qu’il décrit comme humaine et sécurisante. Cependant, il souhaiterait également que les Québécois soient un peu plus accueillants envers les autres, partageant un sentiment d’ouverture dans les échanges culturels et communautaires.