Le système de santé du Québec face à un paradoxe : réduire pour mieux prévenir
Une initiative gouvernementale controversée
Le gouvernement du Québec a récemment engagé des coupes sévères dans le secteur de la santé, avec un objectif clair : réduire 1,5 milliard de dollars en dépenses dans le but de restaurer l’équilibre budgétaire. Cette démarche a des répercussions notables sur plusieurs professionnels de la santé, y compris les kinésiologues, dont plusieurs postes ont été supprimés.
Des suppressions de postes alarmantes
Depuis le mois de janvier, la Fédération des kinésiologues du Québec (FKQ) a identifié la perte de plus de 20 emplois. Parmi les cas les plus marquants, on retrouve la suppression d’au moins 8 postes dédiés au soutien à domicile pour les aînés dans le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) du Bas-Saint-Laurent. Le CISSS de la Montérégie-Est a également été touché, avec la suppression de 10 postes, y compris celui de Valérie Aimé, kinésiologue respectée spécialisée en réhabilitation cardiaque.
Impact sur le service aux patients
La disparition de ces postes soulève de vives inquiétudes quant à la continuité des services offerts aux patients. Valérie Aimé, bien que son poste permanent soit prévu d’être aboli le 22 mars, s’interroge sur l’efficacité d’un tel coup de hache dans la prévention des maladies. Son rôle essentiel dans l’éducation et le suivi des patients souffrant de maladies chroniques, telles que des antécédents de crises cardiaques, est menacé. Elle souligne que, bien que les programmes d’éducation demeurent, le programme de réhabilitation, crucial pour de nombreux patients, sera malheureusement affecté.
Incohérence dans la stratégie de santé publique
La Fédération des kinésiologues critique vivement les décisions prises par Santé Québec, d’autant plus qu’une stratégie de prévention en santé est sur le point d’être discutée au sein de la Santé publique. La FKQ plaide pour un moratoire sur les coupes de postes considérés comme stratégiques pour la prévention, dénonçant l’absurdité d’un système qui, tout en cherchant à prévenir les maladies, abolit des postes dédiés à cette mission.
Les enjeux d’un personnel en santé insuffisamment soutenu
Marc-Antoine Pépin, président de la FKQ, questionne cette approche paradoxale : alors que le gouvernement affirme vouloir promouvoir la prévention, ses actions semblent contredire cette intention. L’entretien de dialogues avec le cabinet ministériel donne une lueur d’espoir, mais les préoccupations demeurent quant à un manque de cohérence dans les décisions prises.
Rôle vital des kinésiologues dans le réseau de santé
Les kinésiologues jouent un rôle essentiel dans le système de santé, notamment en matière de prévention des maladies chroniques et de maintien de la condition physique, en particulier chez les personnes âgées. Leur acte de sollicitation peut conduire à une réduction des besoins en soins, permettant à un plus grand nombre de patients de rentrer chez eux après une hospitalisation, plutôt que d’être dirigés vers des centres d’hébergement.
Risques accrus de prolongement des hospitalisations
Sans l’assistance des kinésiologues pendant leurs séjours hospitaliers, les patients risquent de nécessiter des soins supplémentaires, ce qui pourrait prolonger leur hospitalisation. La relation entre un suivi adéquat par des kinésithérapeutes et la réduction des durées d’hospitalisation a été établie et devrait être prise en compte dans toute planification de services de santé.
Une profession en pleine expansion confrontée à des défis
L’essor récent du nombre de kinésiologues au sein du Québec, qui est passé de 350 à 693 en seulement deux ans, est aujourd’hui menacé par ces coupes. Cette tendance inquiétante pourrait avoir des répercussions sur l’évolution de leur pratique, qui s’oriente de plus en plus vers des méthodes préventives, actuelles et vitales pour le bien-être de la population. La préservation de ces postes pourrait non seulement maintenir, mais également renforcer une approche innovante dans le système de santé.
